FR
dans le cadre de l’exposition Le feu qui forge à l’Atelier 21 jusqu’au 30 juillet
L’Histoire des sciences situe l’âge d’or des sciences arabes du VIIIe au XIVe siècle. Plusieurs mots en sciences proviennent d’ailleurs de l’arabe tels qu’algorithme (nom du mathématicien Al-Khwârizmî), algèbre ( al-djabr ou reconstruction ), zéro et chiffre (ṣĭfr ou vide), sinus (jaib ou cavité), azimut et zénith (as-simt ou chemin) et pour connaitre la liste des 417 mots français d’origine arabe consultez espacefrançais.com.
À la suite d’une formation scientifique, l’artiste Mohssin Harraki complète un diplôme des beaux-arts de Tétouan et des Écoles Supérieures d’Art de Toulon et Dijon. Cet été, il est en résidence à la Cité internationale des art Montmarte dans le cadre de la programmation d’Art Explora et participe à Moroccan Trilogy au Musée Reina Sofia à Madrid jusqu’au 21 septembre. L’ombre des racines, ci-dessus, évoque le concept de mémoire et de nos origines se faisant discrètes parfois, mais toutefois bien profondes et fait écho au titre de son œuvre Éclipse en 2017. Comme l’explique la commissaire Salma Lahlou dans le catalogue p.13 « cette œuvre qui prend pour référent la nature traite d’une problématique récurrente dans le travail de Harraki, en lien avec l’écriture des Histoires. […] l’histoire par strate et niveau de difficulté. […] Une lucidité que cultive l’artiste face au traitement de l’information et qui trouve une résonnance toute particulière à l’ère de la désinformation. Comment accéder au noyau dur de la connaissance ? En faisant danser les murs, en lisant les images, en regardant les textes, en articulant des métaphores à partir de la nature. » Salma Lahlou
Dans cette nouvelle série, Mohssin Harraki incorpore des extraits du Théorèmes de géométrie de Qadi-Zadeh Rumi (1364-1436) considéré le Pythagore de Samarcande, qui fut le professeur du prince Ulugh Beg soit l’astronome de Samarcande dont Jean-Pierre Luminet relate la vie aux éditions JC Lattès 2015 et avec lequel ils bâtiront l’observatoire et élaboreront les tables astronomiques sultaniennes – voir billet sur ce site. Mohssin Harraki n’en ai pas à ses premières œuvres inspirées des sciences comme le détail la revue Diptyk n°37 2017 en citant sa série Khossouf (Eclipse) inspirée des textes de l’astronomie arabe qui décrivent le phénomène et de l’Almageste de Ptolémée. Ses installations et vidéos Anwar al-nujum ou Les lumières des étoiles sont quant à elles, d’après un manuscrit de commentaires sur Les nouveaux tableaux astronomiques ou al‐Zīj al‐jadīd d’Ibn al-Shâtir. Grand horloger à la mosquée de Damas, Ibn al-Shâtir était un de plus éminents astronomes musulmans du XIVe siècle qui proposa de nouvelles idées et modifications aux théories de Ptolémée – plus d’explications sur wdl.org . C’est également à partir d’une de ses illustrations que Mohssin Harraki crée sa sérigraphie sur 22 panneaux de verres collées intitulée Najm ou Étoile. De plus, vous pourrez vous amuser à repérer les étoiles d’une vingtaine de constellations antiques dont celle de la Lyre ci-dessous, dans sa série Ciel dessine la Terre. Aux métaphores célestes, géométriques ou végétales, s’enchevêtrent littérature, poésie et philosophie. Pour ne citer que quelques autres exemples, il transpose sur plaques de verres les Rubáiyát d’Omar Khayyám – quatrains dont vous pouvez lire les traductions d’Edward Fitzgerald en anglais et de Charles Grolleau en français. Rahat Al-Aql ou Peace of mind fait référence au livre de Hamid al-Din al-Kirmani et son Débat imaginaire entre Averroès et Porphyre est tiré de l’image d’un manuscrit du XIVe siècle. Voir aussi Rien no.01.26-01, une autre œuvre de Mohssin Harraki sur ce blogue, présentée dans le cadre de l’exposition Ajammar qui s’était tenue au Musée de la Fondation Abderrahman Slaoui en 2018.
Linda Moussakova, 2021
Mohssin Harraki et Sciences arabes
lmoussakova.wordpress.com